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Un chauffeur de taxi qui a proféré des menaces antisémites condamné à 8 mois d'emprisonnement avec sursis

Le tribunal judiciaire de Créteil a reconnu un chauffeur de taxi parisien coupable de menaces de mort et de discrimination commises en raison de la religion. ©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Un chauffeur de taxi a été condamné ce lundi à huit mois d'emprisonnement avec sursis pour avoir refusé de prendre en charge et proféré des menaces antisémites envers une famille à son arrivée à l'aéroport d'Orly (Val-de-Marne) le 11 octobre dernier, soit quatre jours après l'attaque sanglante du Hamas en Israël.

«Je ne te prendrai pas toi et ta famille, sale juif», a lancé le 11 octobre 2023 un chauffeur de taxi à l'attention d'un père de famille, tout juste revenu d'Israël via Marrakech.

Le chauffeur serait revenu et aurait ensuite lancé «si je t'avais pris toi et ta famille dans mon taxi je t'aurais égorgé toi, ta femme et tes enfants», rapportait encore la victime, qui n'a pas porté plainte par peur de représailles selon les avocats des associations représentées à l'audience.

Le tribunal judiciaire de Créteil l'a reconnu ce lundi, coupable de menaces de mort et de discrimination commises en raison de la religion. Le prévenu a nié les faits lors de l'audience, malgré les témoignages concordants de l’agent régulateur de taxis et d’un autre chauffeur qui a pris en charge la famille.

«Ce dossier repose quasi-essentiellement sur la parole de (la victime) qui n'est pas présente aujourd'hui, ce que je déplore», a commenté la procureure lors de ses réquisitions. «Mais pourquoi (la victime) serait allée dénoncer ce genre de faits si ça ne s’était pas passé ?», a interrogé le ministère public.

L’audience, qui s’est déroulée dans une salle comble et en présence d'associations - dont la Licra, seule partie civile reconnue - n'a pas permis d'éclaircir pourquoi les versions des parties différaient tant. Le chauffeur de taxi assure que l'altercation est survenue parce que la victime était «pressée», qu'elle l'aurait insulté et lui aurait adressé des gestes vulgaires.

Une affaire qui fait écho à l’actualité médiatique

De par sa proximité avec l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre, le dossier a revêtu dès son origine un caractère médiatique et sensible.

À cette date, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, menant une attaque, d’une violence jamais connue. En représailles, Israël a déclaré une guerre pour «anéantir» le Hamas.

«Il y a dû avoir un effet d'engouement (du prévenu) avec ce qu'il a dû regarder à la télévision, des scènes de violences abominables qui ont dû influencer ses propos», a supposé l'avocate de la Licra lors de sa plaidoirie.

«Les réquisitions et les parties civiles essayent de faire écho à cette situation horrible, et de montrer (le prévenu) comme l’illustration de cet antisémitisme», a plaidé l'avocat du prévenu, Me Boris Rosenthal, qui a dit «refuser de succomber à la tension» liée au contexte.

La violence du Hamas le 7 octobre «n'est pas le sujet aujourd'hui», a-t-il rappelé. «Les communautés juives françaises ont peur, on a peur, c'est vrai», a poursuivi l'avocat, notant lui aussi les actes et les mots antisémites «décuplés» depuis l'attaque du Hamas.

Mais il a exhorté le tribunal à ne pas faire du dossier «une affaire sociétale» plutôt que «pénale». Son client a également été condamné à l'inéligibilité pendant trois ans et à effectuer un stage de citoyenneté. Le tribunal ne lui a cependant pas interdit d'exercer sa profession, comme requis par le ministère public.

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